A Madagascar, après le calvaire des fistules, des patientes réapprennent la vie

Soha Gafaar Jeudi 24 Mai 2018-13:33:18 Sciences et Médecine
 Des femmes et des enfants malgaches attendent dans une clinique improvisée à Antanetikely, Madagascar, le 23 octobre 2007.
Des femmes et des enfants malgaches attendent dans une clinique improvisée à Antanetikely, Madagascar, le 23 octobre 2007.

"Va–t-en, la fille qui pue la pisse". Pendant trois ans, Sana Rodiny a subi les quolibets dans son village de Madagascar.

Mais la jeune fille vient de subir une reconstruction chirurgicale qui va signer la fin de son calvaire et de son incontinence provoquée par une fistule.

Il y a trois ans, "j'ai eu une fistule après avoir subi un viol collectif" commis par des voleurs de zébus, raconte Sana, 18 ans et longs cheveux ébène tressés.

Allongée à l'ombre d'un tamarinier, sur une natte en rabane, elle se remet de son intervention à l'hôpital Monja Jaona, dans le district Ambovombe (sud).  Maintenant qu'elle ne sent plus "l'urine à longueur de journée", elle peut envisager l'avenir. "Je vais juste travailler, pour vivre et être autonome, je veux devenir commerçante, une épicière".

La fistule obstétricale se caractérise par une déchirure de la paroi entre le vagin et la vessie ou le rectum, provoquée par un accouchement compliqué, après plusieurs jours de travail sans intervention médicale appropriée, ou plus rarement après un viol particulièrement violent.

Elle entraîne l'incontinence urinaire ou rectale. Chaque année, 4.000 femmes sont victimes de fistules à Madagascar, selon le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP). A l'échelle de la planète, on estime le nombre de nouveaux cas à environ 50.000 par an. 

Sana a sans doute "été victime d'une agression avec un objet assez rigide qui a entraîné une perforation de ses organes", avance le Pr Yoël Rantomalala, chirurgien urologue, venu spécialement d'Antananarivo dans le sud de Madagascar pour opérer 82 femmes.

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